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Une étude de l’Université 91ºÚÁÏÍø met en lumière l’absence de données sur la thérapie psychédélique chez les adolescents

L’équipe de recherche plaide pour l’inclusion d’adolescents mineurs dans les essais cliniques à venir, moyennant les précautions qui s’imposent
±Ê³Ü²ú±ô¾±Ã©: 4 November 2025

Le recours à la thérapie psychédélique pour le traitement de diverses maladies, de la dépression aux troubles de l’alimentation en passant par l’état de stress post-traumatique et l’anxiété, suscite de plus en plus d’intérêt au sein du corps médical. Or, on a constaté, dans une étude dirigée par l’Université 91ºÚÁÏÍø et publiée dans , que les adolescents de moins de 18 ans avaient été exclus des essais cliniques en cours pour des raisons éthiques, juridiques et réglementaires, et ce, même si ces traitements pourraient leur apporter des bienfaits. Résultat : il est difficile pour les cliniciens et les adolescents de prendre des décisions éclairées sur le recours à ce type de traitement dans ce groupe d’âge en raison de l’absence de données probantes.

Comme a pu le constater l’équipe de recherche, on a proposé l’inclusion de sujets de moins de 18 ans dans seulement quatre des 1 600 essais sur la thérapie psychédélique inscrits ou publiés entre janvier 2000 et avril 2025. À ce jour, aucune de ces études n’a été menée à terme ou publiée.

Maladie mentale : les traitements actuels ne sont pas toujours efficaces

De nombreux jeunes aux prises avec une maladie mentale ne répondent pas aux traitements usuels, et certains devront composer avec une atteinte leur vie durant ou subiront des conséquences encore plus graves. Ainsi, selon une revue de 2020 publiée dans le Journal of Child Psychology & Psychiatry, le traitement usuel – soit l’association antidépresseur-psychothérapie – n’apporte aucune amélioration chez environ le tiers des adolescents atteints d’un trouble dépressif majeur.

L’équipe de recherche y va également d’une mise en garde : de nombreux cliniciens prescrivent déjà des médicaments utilisés en psychiatrie à des adolescents, sans pour autant disposer de données probantes provenant d’essais cliniques menés dans cette population. On peut s’attendre, avance-t-elle, à ce qu’il en soit de même pour les thérapies assistées par la MDMA et la psilocybine, à moins que la recherche soit menée à bonne fin avant l’arrivée de ces agents dans la sphère clinique.

« En notre qualité de professionnels qui s’intéressent à la thérapie psychédélique et aux troubles mentaux chez les adolescents, nous avons l’obligation éthique de ne pas ignorer la population adolescente, mais plutôt de prévoir les risques, de mettre à l’essai des mesures de protection et d’enrichir les connaissances cliniques dans ce domaine », fait valoir Khaleel Rajwani, auteur principal et doctorant au Département de philosophie de l’Université 91ºÚÁÏÍø; les travaux de Khaleel portent sur les enjeux éthiques en psychiatrie et en santé mentale.

Comme le font observer les auteurs, la thérapie psychédélique pourrait, administrée à des sujets jeunes, comporter plus de risques que chez l’adulte. Ainsi, elle pourrait avoir plus de répercussions sur le développement cognitif et social, et provoquer plus d’effets indésirables. Toutefois, insistent-ils, ces risques peuvent varier selon l’âge et le contexte et doivent être évalués à l’aune des conséquences graves d’une maladie mentale non traitée ou réfractaire au traitement.

La prudence s’impose

L’équipe précise que les premières études dans ce domaine devront se dérouler sous le signe de la prudence dans des populations chez lesquelles le rapport risques-avantages attendu est le plus élevé possible, et ajoute qu’une procédure de consentement sans faille devra être mise en place.

« Actuellement, les données cliniques sur l’effet possible des thérapies psychédéliques chez l’adolescent sont pour ainsi dire inexistantes », souligne Brian Earp, professeur agrégé au Centre d’éthique biomédicale de l’Université nationale de Singapour et auteur en chef de l’article. « Des études menées avec toute la circonspection et la responsabilité éthique voulues peuvent nous permettre d’aller au-delà des hypothèses et de déterminer si les nouvelles thérapies psychédéliques peuvent venir en aide aux adolescents qui ne répondent pas à l’arsenal thérapeutique actuel. »


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³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð « Clinical psychedelic research in adolescents: a scoping review and overview of ethical considerations », par Rajwani et coll., a été publiée dans The Lancet Child & Adolescent Health.
DOI :
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Financement

Les auteurs de l’étude ont reçu des fonds des bailleurs de fonds suivants : Faculté de médecine et Vice-présidence (Recherche et technologie) de l’Université nationale de Singapour, Centre national de médecine complémentaire et intégrative (National Institutes of Health des États-Unis), Fondation Steven-et-Alexandra-Cohen, Sunstone Therapies, Fondation Ho-Chiang, Tim Ferriss, Matt Mullenweg, Blake Mycoskie, Craig Nerenberg, Institut de recherche Heffter et Fondation Wellcome Trust.

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