Une étude établit un lien entre le statut socio-économique et les lacunes en matière de soins aux personnes atteintes de démence

Une révèle des différences marquées entre les soins administrés aux malades atteints de démence des quartiers riches et ceux des quartiers pauvres du Québec, et ce, malgré la présence d’un système de santé universel.
La recherche a été dirigée par la docteure Claire Godard-Sebillotte, professeure à la Division de médecine gériatrique de l’Université 91ºÚÁÏÍø et chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé 91ºÚÁÏÍø. Il s’agit de la première étude à grande échelle menée au Québec visant à évaluer la relation entre conditions sociales et soins prodigués aux personnes atteintes de démence.
³¢â€™Ã©t³Ü»å±ð a analysé les dossiers médicaux d’environ 200 000 personnes ayant reçu un diagnostic de démence entre 2000 et 2017. Chaque patient a été suivi pendant un an ou jusqu’à son décès ou son admission dans un établissement de soins de longue durée, selon la première éventualité. Pour mesurer le statut socio-économique, l’équipe de recherche a utilisé un indice de privation matérielle standard, qui classe les quartiers en fonction des niveaux de revenu, d’éducation et d’emploi.
Les personnes vivant dans les zones les plus défavorisées étaient davantage susceptibles d’être hospitalisées, de se rendre aux urgences, de recevoir des médicaments potentiellement inappropriés et de mourir dans l’année suivant le diagnostic. En revanche, les habitants des quartiers plus aisés consultaient plus souvent des spécialistes de la cognition.
Les disparités en matière de soins de santé mises en contexte
En raison des désavantages qu’ils subissent tout au long de leur vie, les habitants des zones défavorisées risquent d’être en moins bonne santé au moment où un diagnostic de démence est posé, ce qui pourrait expliquer en partie pourquoi ces personnes sont davantage hospitalisées et courent un risque plus grand de mourir dans l’année qui suit le diagnostic. Or, cela soulève des questions quant à l’équité de notre système de santé universel, a souligné la Dre Godard-Sebillotte.
« Que ces tendances persistent sur près de vingt ans est préoccupant, indique-t-elle. L’accès aux soins doit être adapté aux besoins : l’équité ne consiste pas à traiter tout le monde de la même manière, mais à faire en sorte que chaque personne reçoive les soins adaptés à sa situation. »
Les habitants des quartiers défavorisés étaient plus susceptibles de se voir prescrire des médicaments tels que des antipsychotiques ou des benzodiazépines, qui peuvent augmenter le risque de chutes et de confusion. Ces personnes étaient également moins susceptibles de consulter des spécialistes de la cognition.
« Ce résultat semble indiquer l’existence d’une inégalité. En fait, si les personnes vivant dans les quartiers défavorisés ont systématiquement des besoins de santé plus complexes et doivent prennent ces médicaments potentiellement inappropriés, elles devraient être davantage orientées vers des spécialistes de la cognition. Il est possible que les besoins de ces personnes ne soient pas plus complexes, en réalité, mais que les médecins qui les soignent se tournent plus souvent vers les médicaments en raison du manque d’accès aux soins à domicile et aux autres formes de soutien offert dans les quartiers défavorisés pour gérer les comportements et les symptômes difficiles », suggère-t-elle.
Les données, moteurs de changement
La Dre Godard-Sebillotte fait partie de la direction de l’équipe de Recherche en organisation des services sur l’Alzheimer. Avec ses collègues, elle travaille en étroite collaboration avec le ministre de la Santé du Québec et lui fait part de leurs conclusions, et aide à la prise de décisions fondées sur des données probantes.
Ainsi, les conclusions de l’étude ont servi à l’élaboration de la qui, contrairement à la plupart des politiques internationales, comprend un objectif distinct visant à réduire les inégalités en matière de soins aux personnes atteintes de démence.
Ensuite, l’équipe de recherche prévoit d’examiner l’incidence de l’intersectionnalité entre pauvreté et race, langue et ruralité sur l’accès aux soins.
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L’article « », par Claire Godard-Sebillotte, Isabelle Vedel et coll. a été publié dans la revue Alzheimer’s & Dementia: Behavior & Socioeconomics of Aging.
Cette étude a été financée par le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement.